13 novembre 1912, 22 hrs, Glasgow, Angleterre

"Connor ? Je crois que... oui, voilà... Je crois que c'est le moment que l'on avertisse le médecin."

L'homme à la chevelure blonde regarda sa femme Margaret et devint soudainement très nerveux. Les mains moites, il l'accompagna jusqu'à la chambre à coucher et l'allongea sur le lit, prenant bien soin de placer les oreillers du mieux qu'il pouvait.

"Tu dois absolument m'attendre, tu comprends ? Fait juste... ... m'attendre."

En courant dans le corridor jusqu'à la porte d'entrée, il attrapa un manteau et l'enfila avec hâte, avant d'ouvrir la porte sur le froid de l'hiver prématurément entamé.

Connor dévala la colline jusqu'à la maison du médecin, trébuchant dans l'obscurité presque à chaque pas tant il voulait faire vite. Bien qu'il était 22 hrs passées, il tembourina à la porte du médecin pour le réveiller, le sommant de se lever puisque sa femme était au bord de l'accouchement.

"Dr Jones... Ma femme... Margaret... va bientôt donner naissance..."

Le médecin prit le temps de mettre un chapeau sur sa tête dégarnie par son âge avancé, puis demanda à sa fille de prendre de l'avance et d'aller préparer ce qu'il fallait dans la maison des Connolly. Après avoir enfilé un manteau, le Dr Jones attrapa le futur papa par les épaules, l'obligeant à le regarder.

"M. Connolly, saisissez-vous. Votre femme a plus que jamais besoin de votre soutien, ce n'est pas le moment de flancher. Prenez un petit remontant, un bourbon ou que sais-je, mais ne vous présentez pas dans la chambre aussi nerveux."

Les deux hommes grimpèrent d'un pas rapide la colline, en silence. Les mots du Dr Jones avaient eu leur effet : Connor s'était senti fouetté, ses idées avaient repris leur place et il se sentait beaucoup plus en contrôle. Lorsque les deux hommes s'approchèrent de la femme après avoir laissé tomber leurs manteaux dans l'entrée de la chambre, ils rejoignirent une Margaret heureuse et l'air soulagé.

"Il ne nous reste plus qu'à espérer que cet enfant soit en santé..."

Jace Michael Connolly vit le jour le 14 novembre 1912 au petit matin, après une nuit de travail intense et de pleurs. Sitôt nettoyé à la hâte, il fut déposer sur la poitrine de sa mère et pleura à pleins poumons, aussi fort que ses petits poumons pouvaient le permettre. Ses parents furent très heureux de voir qu'il était un bébé plein de vigueur dès son entrée dans le monde, et cela ne se résorba pas avec les années.

Il devait être autour de 19 h 30 lorsque le hibou Grand Duc se posa sur le rebord de la fenêtre, en lâchant un faible hululement pour annoncer sa présence. Jace et ses parents étaient attablés, grignottant avec plaisir une fournée de scones au miel encore chauds.

Margaret se leva après s'être essuyée les mains à l'aide d'un chiffon doux et s'approcha du rapace. Celui-ci tendait une patte, l'air sérieux et solonel. Attaché à cette patte se trouvait une lettre enveloppée dans un parchemin veilli. Margaret détacha délicatement la lettre de la patte de l'oiseau et le gratifia d'un morceau de scone avant qu'il reprenne son envol.

La lettre était à l'attention de Jace. c'était bien curieux, car le jeune garçon ne recevait à peu près jamais courrier. Analysant l'écriture fine et claire de l'adresse, fronça les sourcils puis regarda l'envers de l'enveloppe : le sceau de cire rouge de Poudlard s'y trouvait.

Sans un mot, elle passa la lettre à son mari et posa son regard rieur sur son fils. Depuis sa naissance, ils attendaient ce moment, car ils avaient inscrit leur garçon à Poudlard en espérant qu'il découvre ses pouvoirs magiques avec les années.

"Jace, cette lettre t'est adressée. Ta mère et moi voulons te dire que nous sommes très fiers de toi."
"Tiens, tiens, tiens... Le fils unique des Connolly..."

Le Choixpeau sur la tête, Jace se tenait sur un tabouret chambranlant. Le Professeur Dippet à ses côtés venaient tout juste de poser l'étrange couvre-chef sur le sommet de son crâne. Le jeune garçon pouvait sentir le Choixpeau bouger à chaque fois qu'il parlait.

"Tu sais que j'ai réparti tes parents il y a quelques années... Tous les deux, ils ont été des fiers représentants de Serdaigle, mais je vois en toi une force qui surpasse toutes tes autres qualités. Je ne décèle pas d'ambition, car tu es conscient de tes points forts, mais aussi de tes limites. Tu es quelqu'un de très courageux et d'hardi, cela ne fait aucun doute. Quelques professeurs auront du mal avec toi, car je vois déjà que tu désires repousser tes limites, au risque de te mettre dans des situations compromettantes... Avec toute cette bravoure mais aussi cet audace, je ne peux que t'envoyer à...

...GRYFFONDOR !"

Pendant ses années à étudier la magie, le garçon s'était illustré au poste de Poursuiveur. Il savait être très précis dans ses passes et ses esquives étaient sans égales. Alors que tout le monde rêvait de devenir Auror ou même de travailler au Ministère, Jace, lui, savait qu'une carrière prometteuse de joueur de Quidditch s'affichait devant lui.

À sa sortie de Poudlard, Jace avait été approché par l'équipe des Assaillants de Stonewall, une équipe Canadienne de Quidditch qui avait entendu parler des talents du garçon. Il avait d'abord joué comme remplaçant, pour finalement entrer officiellement dans l'équipe l'année de ses 20 ans. Cela faisait maintenant 3 ans qu'il avait bel et bien sa place dans l'équipe lorsqu'il joua un match professionnel pour la dernière fois.

"Manchester est maintenant en possession du Souafle, il le passe à Verpey qui le passe à Connolly. OH ! Je crois que Connolly s'apprête à faire sa fameuse feinte de Porskoff ! MAIS OUI ! Il part en chandelle, entraîne l'adversaire avec lui et... Attention Connolly, un Batteur adverse t'as envoyé un Cognard ! Connolly lance le Souafle à Verpey et..."

Sa vie n'allait plus jamais être la même après cette chute.

Le Cognard lui avait atteint la tempe à une grande vitesse, le laissant immédiatement sombrer dans l'inconscience pendant quelques mois. Bien sûr, quelqu'un avait ralenti sa chute, sans quoi il y serait sans doute resté. Cependant, même si les bons soins de Ste-Mangouste lui ont réparé à peu près tous les os du corps, ses réflexes n'ont plus jamais été les mêmes.

Jace démissionna de son poste de Poursuiveur, à l'aube de ses 25 ans. De retour chez ses parents afin de prendre quelque temps à lui, Jace sût que le professeur de Vol sur balais de Poudlard avait pris sa retraire. Il décida de ne pas se laisser abattre et de continuer à vivre de sa passion pour le Quidditch et tout ce qui l'entoure.