A lazy day ~

a lazy day ; pv Dolly

Dimanche 22 septembre 1940. La température était plutôt mauvaise. Le ciel gris, les nuages, l’humidité. Rien qui pourrait donner envie aux élèves de Poudlard de se promener à l’extérieur. Sauf Lyle qui était installé sous le chêne, les bras autour des jambes et le menton posé sur le genou.

Il observait le lac. Rien de fascinant. Mais quelque chose avait changé dans cet environnement. L’annonce du nouveau directeur était véridique : les années précédentes, il n’y avait rien dans les profondeurs mais dorénavant une multitude de créatures s’y dissimuleraient. Les tentacules qui flottaient au bord étaient donc celles du Calmar Géant, importé tout droit de la Mer Rouge. Fascinant.

Alors que le jeune homme restait épaté par la grandeur des tentacules, un reptile gambadait joyeusement dans l’herbe fraîche. C’était Scottie, sa tortue.

Lyle se mit à bailler et s’adossa à l’arbre. Ces jours-ci, le temps le fatiguait pour rien.

dollyle + a lazy day

Elle avait travaillé dur pour obtenir son teint laiteux, blanc comme la neige immaculée : des années d’applications intempestives de crèmes anti-UV et d’enfermement imposé pour éviter à tout prix une exposition aux rayons. L’été venait toujours manquer de tout faire foirer avec son soleil méprisable et vil qui, même caché derrière les nuages, parvenait à foncer les peaux. Dolorès Evans Cameron jeta un coup d’œil à l’extérieur et bénit intérieurement l’Angleterre où, dès les premiers jours d’automne, le ciel s’obscurcissait et l’air se chargeait d’humidité aux grand damne des idiots, au grand bonheur des hommes. D’un pas décidé, Dolly se dirige vers les rives du lac. Les gens disent qu’on peut y apercevoir un calmar géant, elle a hâte de voir ça de ses propres yeux. Une silhouette attire son regard. Dolly regarde autour d’elle, le parc est désert à l’exception de cette silhouette, assise le dos contre un chêne. Elle n’est pas du genre à s’attarder sur ce genre de détails, mais cet après-midi-là, allez savoir, elle se sent d’humeur à faire un détour.

Elle reconnait la tortue avant même de poser son regard sur le garçon. Il faut croire qu’ils ont au moins ça en commun, leur goût pour les reptiles. Dolly possède un python royal depuis quelques années déjà. Elle avait réussi à l’introduire en secret à Poudlard pendant sa quatrième année et avait failli se faire renvoyer pour cela. L’arrivée du nouveau directeur change grandement la donne : elle a pu faire venir Apophis sans transgresser le règlement. Apophis mesure à peine un mètre, il a le dos noir taché de marron et le ventre beige. Il est assez pacifique, même s'il lui arrive d'être facilement sujet au stress et de devenir agressif dans un environnement bruyant ou agité. Son nom, Apophis, vient de la divinité Égyptienne des forces mauvaises et de la nuit, personnification du chaos, du mal et de l'obscurité, représentée par un serpent géant. Dolly se laisse penser qu'il est une partie d'elle, son côté sombre. Elle prend un plaisir inavoué à le voir regarder, d'un œil mauvais, les rats et les souris de ses camarades. Il les regarde, longtemps, puis, au moment opportun, il les dévore, sans ménagement. Elle aime penser qu’elle est comme ça elle aussi.

« Yo, Lyle ! Bonne journée ? » Ça sort de nulle part, comme elle.

« Yo Dolly. »

Il avait bien évidemment reconnu la voix. C’était la rousse, la seule qu’il connait depuis sa première année à Poudlard. Et oui, c'est très très rare ce genre de personne. Mais bon, sa présence ne le dérangeait pas parce qu’au fond, malgré toutes les crasses qu’ils ont pu se dire ou se faire, il l’appréciait. Il lui répondit avec un air vaguement intéressé : « Journée banale. Y fait pas beau. Mais y’a quelque chose de drôle que j’ai découvert. Ce calmar. J’croyais pas aux dires de Scamander. Mais finalement... »

Lyle pointa du doigt le lac. Les tentacules du monstre marin nageaient encore au bord, comme s’il voulait attirer son attention. Si calmar géant il y a, d'autres créatures tout aussi surprenantes devraient s'y trouver également. Des strangulots, sans doute ? Des sirènes, peut-être ? Ça non, ce serait beaucoup trop dangereux. Quoique... si les centaures ont vraiment intégré la forêt... C'était probable.

Le garçon leva les yeux vers Dolly. « Et toi miss, ta journée ? Vu ta mine, t'as du passer une mauvaise nuit. » Quoi de mieux que de lancer une petite pique à Dolly. C'est rentré dans les coutumes. Dire ce qu'on pense de l'autre avec un taux de subjectivité dépassant les limites possibles. Autant dire que le Gryffondor adorait hyperboler ses critiques envers la fille. Juste histoire de la rendre mal à l'aise, ou plus pâle que ce qu'elle n'est déjà.

Il la balaya alors du regard, attendant sans grande conviction la réponse.

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« You must be fucking kidding me ?! » Lyle avait pointé son doigt en direction du large. En plissant les yeux, Dolly avait en effet aperçu, à la surface d'habitude plane du lac, des remous douteux. Puis une tentacule immense jaillit hors de l'eau. Trop loin pour être entendue, elle retombe, s’enfonçant sans bruit dans les profondeurs. C'était un spectacle impressionnant et effrayant à la fois. Les élèves qui avaient l'habitude de se baigner dans le lac allaient sans aucun doute y penser à deux fois avant de retenter l'expérience à la vue de l'immense monstre qui vivait à présent dans ces sombres eaux. La voix de Lyle la tire hors de sa contemplation. « Et toi miss, ta journée ? Vu ta mine, t'as du passer une mauvaise nuit. » La réaction ne se fait pas attendre et le poing de Dolly cogne l'épaule de Lyle. Elle prend un air faussement offensé et réplique : « Va crever Armageddon ! »

Elle rit, mais pas longtemps. Chancelante, elle reprend ses esprits puis s'assoit aux côtés de Lyle. Parler de la mort lui rappelle le professeur Dippet. C'était une surprise pour tout le monde. Un jour tout va bien, puis la seconde suivante, tout s'arrête. Dolly se mord la lèvre inférieure. « Ça me fait bizarre. » Elle déglutit bruyamment et douloureusement avant d'ajouter : « ...Le professeur Dippet. Ça me fait tout drôle de me dire qu'il a clamsé. » Dans sa bouche, ce n'est pas péjoratif. Si certains s'étonnent et s'offusquent, Dolly a toujours parlé franchement. Sans doute trop, ça lui causera des soucis un jour.

Le coup que Dolly lui porte à l’épaule le fait rire. Lyle ne réplique pas, sachant pertinemment qu’il aura l’occasion de le lui rendre plus tard. C’était comme ça chez les deux lions d’or : ils se frappent amicalement, sans raison, et ce depuis leur début à Poudlard. Le garçon laissa échapper un « Tsss » taquin et se décala légèrement pour laisser de la place.

La demoiselle se mit alors à parler de Dippet, le directeur qui précédait Scamander. « C’est clair » lâcha Lyle. « Et le pire c’est qu’il aurait pu être soigné si l’hôpital St Mangouste faisait bien son job. Je suis sûr qu’il existe un vaccin contre cette merde » continua-t-il, l’air dégoûté.

Tandis que la tortue contournait la longue jambe de Lyle, ce dernier sortit une cigarette de sa poche et l’alluma d’un léger « Incendio ». A force, il magnait avec perfection le sortilège de feu. Fumer était certes interdit au sein de l’école mais il y avait toujours des trafics dans le Poudlard Express. Et à force des années, le jeune homme arrivait à garder un stock suffisant dans une certaine salle du septième étage.

Il en proposa alors une à Dolly et commença à tirer délicieusement sur la sienne. Un sourire en coin, il souffla la fumée sur le visage de la rousse. « Allez, détends toi et arrête de penser aux choses négatives… »

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« Et le pire c’est qu’il aurait pu être soigné si l’hôpital St Mangouste faisait bien son job. Je suis sûr qu’il existe un vaccin contre cette merde » Dolly acquiesce, songeuse. Elle a entendu dire que la plupart des médicomages avaient été débauchés pour se rendre sur les champs de batailles en France et en Europe de l'Est. Les sorciers refusent catégoriquement d'agir dans les guerres moldues pour ne pas risquer d'être exposés, mais ils ne peuvent pas non plus rester complétement oisifs. Alors ils envoient des renforts de médicomages qui sauvent les âmes détruites par les armes de destruction massive et des aurors pour protéger au maximum les populations. Mais cette pénurie de médicomages se faisait ressentir parmi les sorciers : des infections qui arrivaient d’habitude à être combattues s’avéraient à présent mortelle, les nouveaux remèdes tardaient à être mis en fabrication et les gens finissaient souvent leur vie à tragiquement, faute d’avoir pu être pris en charge à temps.

À sa droite, Lyle allume une cigarette et lui en propose une. Dolly l’attrape entre ses deux doigts et se redresse légèrement pour sortir de sa poche, un petit sachet transparent. Elle jette à œil au contenu du sachet puis siffle d’agacement. C’est le mauvais. Elle sort l’autre sachet de sa poche puis entreprend de dérouler la clope donnée par Lyle pour ne récupérer que le tabac. Elle a toujours deux sachets de Majikjuana, de la pure et de l’hybride. L’hybride brûle assez bien et il n’est pas nécessaire d’y ajouter du tabac contrairement à la pure où, pour faciliter la combustion, le tabac est plus qu’utile. Dolly vient d’un milieu moldu plutôt défavorisé, une bourse lui permet d’acheter le matériel nécessaire à son éducation à Poudlard, mais pour tout ce qui est extra, Dolly a du se débrouiller toute seule. Ne pouvant pas travailler avant l’âge de 16 ans, elle a développé son propre commerce. Passionnée de Botanique, elle a trouvé un endroit dans la forêt pour faire pousser toutes sortes de plantes : de la sauge en passant par la mandragore, sans oublier la fameuse majikjuana qui était devenue plus que populaire au sein du château. Après avoir mélangé puis roulé les têtes séchées du sachet avec le tabac de Lyle, Dolly porte le joint à ses lèvres. «Allez, détends toi et arrête de penser aux choses négatives… » avait dit Lyle. Bon conseil. Elle le prend à la lettre.

Profonde taffe. L’effet est immédiat. Dans tous tes membres, le flux de cannabinoïdes se propage. Tu ré-ouvre les yeux que tu avais momentanément fermés. C’est à ton tour de proposer de ta came à Lyle. Tu ris. Sans vraiment le vouloir. Puis un éclair de lucidité te frappe : « Hum, au fait ! J’ai une toute nouvelle récolte de dictame, je vais pouvoir refaire des cogn’acier. » À base de saule cogneur, de dictame et de mandragore, les gélules de cogn’acier ont prouvé leur efficacité pour décupler la force physique, effacer la perception des limites physiques : plus de courage, moins d'appréhension. Beaucoup de garçons en prenaient. « Fais le savoir dans ton dortoir. Je ne te dirai pas qui, confidentialité client-dealeur, mais les septième année en raffolent. » Tu arques un sourcil puis cligne un oeil avant de reprendre un taffe de ton joint.

Spoiler:

Lyle tirait sur sa cigarette en observant Dolly très concentrée sur la préparation de son joint. Elle roulait le tout avec art, comme si elle avait fait ça depuis sa naissance. C'était impressionant ce genre de fille. Le garçon pouvait pas s'empêcher de sourire en coin.

Lorsque la demoiselle lui en proposa, le jeune homme jeta sa clope dans le lac et tira une longue et délicieuse taffe. C’était une sensation si agréable que Lyle se sentait entrer dans le sol comme si lui aussi faisait partie intégrante de la végétation du parc. Ses paupières devenaient légèrement lourdes, sa bouche pâteuse.

Il ramassa alors sa baguette posée à côté de la tortue, fit un léger mouvement de poignet et un filet d’eau surmonta le bord du lac et se faufila entre les herbes. Comme si un ruisseau miniature se créait, comme si Lyle était Le Créateur. Deux verres dont on ne saurait identifier leur état –c’était liquide mais à la fois solide- sortirent gracieusement de la terre. L’eau qui ruisselait s’évapora pour ensuite remplir les verres enchantés. Lyle en tendit un à Dolly, pointa sa surface et murmura un doux « Liquefia Rhumus ».

L’eau du lac bouillit une fraction de seconde et se transforma en un délicieux rhum citrouille. Lyle était parfait en métamorphose, étant sa matière préférée et désirant travailler dans le domaine. Il fit de même pour sa boisson, transformant celle-ci en une bierraubeurre très fraiche. « A la tienne babe ».

Il but une gorgée, tira une nouvelle fois sur le joint. « Des cogn'acier ? C'est d'la bombe. Pas d'souci, je ferais passer le message... comme d'hab. » Et oui, Lyle avait l'habitude d'aider son amie dans ses trafics. En échange, il avait le droit d'en toucher pour bien moins cher - même si généralement c'était gratuit.

De nouveau, il se mit à tirer et s'approcha cette fois du visage de Dolly. Ses lèvres se posèrent alors sur les siennes et souffla. Les soufflettes, c'était la base.

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